Chirurgie réfractive chez l’enfant : ce qu’il faut savoir
La chirurgie réfractive (LASIK, PKR, Smile…) est bien connue chez l’adulte pour corriger la myopie, l’astigmatisme ou l’hypermétropie. Mais qu’en est-il chez l’enfant ou l’adolescent ? Est-ce une option envisageable ? À quel âge ? Et dans quelles conditions ?
Ce qu’il faut retenir en premier :
La chirurgie réfractive n’est pas recommandée avant l’âge de 21 ans, car la vision de l’enfant n’est pas encore stabilisée.
Pourquoi la chirurgie est-elle déconseillée chez l’enfant ?
Voici les raisons médicales principales :
Vision instable : jusqu’à 20-21 ans, la myopie ou d’autres troubles visuels peuvent encore évoluer. Opérer trop tôt reviendrait à corriger une vision qui va continuer à changer.
Maturation incomplète : l’œil, comme le cerveau visuel, est encore en développement chez l’enfant et l’adolescent.
Risque de surcorrection ou sous-correction : une chirurgie sur un œil immature pourrait aboutir à un résultat non durable, voire aggravant.
Existe-t-il des exceptions médicales ?
Oui, dans de très rares cas et sous avis très spécialisé, une intervention peut être envisagée chez un mineur, en dernier recours, par exemple :
Chez un enfant souffrant d’une aniseiconie sévère (grande différence de correction entre les deux yeux) non tolérée en lunettes
En cas d’intolérance totale aux lentilles + échec de toutes les autres solutions
Pour prévenir une amblyopie sévère (œil paresseux) impossible à corriger autrement
Mais ces cas sont extrêmement limités, strictement encadrés, et nécessitent un avis pluridisciplinaire (ophtalmologue, pédiatre, parfois neurologue).
Que faire en attendant l'âge adulte ?
L’objectif est de bien corriger la vue de l’enfant tout en freinant l’évolution du trouble visuel (notamment la myopie).
Voici les alternatives à privilégier :
Lunettes classiques adaptées à l’âge et à l’activité
Lentilles de contact souples ou rigides, selon les besoins
Orthokératologie (Ortho-K) : lentilles portées la nuit pour corriger la vue le jour sans opération
Collyres à base d’atropine faiblement dosée pour freiner la myopie évolutive
Et après 21 ans ?
À partir de 21 ans, si la vision est stable depuis au moins 12 à 18 mois, une chirurgie réfractive peut être envisagée, après un bilan complet :
Épaisseur de la cornée
Absence de contre-indications (kératocône, sécheresse oculaire sévère…)
Attentes visuelles du patient (études, sport, métier...)
Chaque patient est évalué au cas par cas, avec un choix personnalisé du type d’intervention (LASIK, PRK, SMILE…).
En résumé
La chirurgie réfractive peut offrir une liberté visuelle précieuse à l’âge adulte, mais elle n’est pas adaptée aux enfants ni aux adolescents, dont la vision est encore en pleine évolution. Avant 21 ans, il est essentiel de privilégier des solutions non invasives, comme les lunettes, les lentilles ou l’orthokératologie, et de suivre régulièrement l’évolution visuelle de l’enfant.
En tant qu’ophtalmologue pédiatrique, notre mission est d’accompagner chaque enfant dans sa croissance visuelle, en veillant à sa santé oculaire et en anticipant ses besoins futurs, avec sécurité, rigueur et bienveillance.